La grande manifestation de Quimper était placée sous le digne du bonnet rouge. A l’instar de la « manif pour tous » en rose et bleu, des marches blanches, et des casseurs en noir, il semble que tout mouvement de foule se sente obligé, pour être reconnu, d’emprunter un dress-code ou, comme disent les professionnels un code couleur. Cette professionnalisation de la communication populaire est-elle initiée par des publicitaires engagés ?
Je pense plutôt qu’il s’agit d’un mouvement inverse. Tout le monde aujourd’hui a intégré, consciemment ou non, la mécanique professionnelle. On descend dans la rue pour passer à la télé. On choisit en conséquence les couleurs, le lieu et les événements qui semblent les plus télégéniques. Le citoyen produit l’image qu’il consommera avec satisfaction quelques heures plus tard devant son écran plat. Cette codification de la contestation pourrait bien être le signe d’une standardisation de nos émotions.