L’emploi de stars est un bel exemple de survivance, dans notre société, de la pensée magique.
Pourquoi en effet ce procédé fonctionne t-il ? La reconnaissance d’un visage connu arrête et capte l’attention. Plusieurs pubs jouent d’ailleurs sur ce registre et l’exploitent au second degré (« Vous l’avez reconnu ? … oui c’est bien l’escalier machin ou la fenêtre Tryba »).
Derrière l’efficacité du procédé, agit cependant un autre phénomène « magique » celui-là, qui élève la star au rang de symbole et nous invite par l’intercession du produit à partager ses qualités. Cela se résume ainsi : il est plutôt jeune, beau, sympa, riche, champion du monde et il boit Carola, donc si je bois Carola, je serai comme lui (au moins un peu). Ou encore, il est riche, célèbre, il a du succès auprès des femmes, il boit un Nespresso. Donc, si je bois un Nespresso, je serai comme lui (quasiment).
Ce mode de pensée est totalement irrationnel et curieusement il ne choque pas.
Arrêtons-nous une seconde sur la pub Loeb Carola qui dit « Avec Carola, c’est vous les gagnants ». Qui peut croire, ne serait-ce qu’une seule seconde, une telle proposition ? Personne. Pourtant cela fonctionne et cette pub est plutôt efficace.
Comme l’avait mis à jour Claude Lévi-Strauss (pas les jean’s, l’anthropologue), la pensée magique ou primitive n’est pas une pensée inférieure mais un autre mode de pensée, que la pensée rationnelle n’a pas remplacé. C’est un des paradoxes de l’homme contemporain : il a deux cerveaux. Au moment de vouloir séduire ou convaincre quelqu’un (dans une pub ou ailleurs), il est toujours bon de s’en souvenir. La raison n’est qu’une pensée incomplète.
Ceci étant dit, pour revenir à Loeb et Carola, il faut tout de même l’avouer, quand on boit de l’eau, on conduit mieux.